À propos

La fondation a vu le jour grâce au docteur Benoit Deshaies, un allié et un défenseur des accidentés du travail.

Il est aussi le fondateur de la Polyclinique Médicale Populaire. Il est décédé le 7 avril 2019 à Montréal après une vie consacrée à leur défense.

Benoit Deshaies est né à Joliette, le huitième d’une famille de neuf enfants. Il a cinq ans lorsque sa mère quitte le foyer. Son père, travailleur dans une fonderie, doit compter sur ses deux filles ainées pour élever ses plus jeunes enfants. Les faibles moyens financiers de la famille sont compensés par l’aide de religieux qui permettent au jeune Benoit de poursuivre des études classiques au Collège de Joliette.

Il serait probablement devenu prêtre si un drame cruel n’avait pas frappé sa famille. Benoit a dix-neuf ans lorsque son père est emporté par une maladie violente développée au travail, la silicose. Toutes les démarches entreprises pour faire reconnaître cette maladie industrielle comme cause du décès de son père sont vaines. La famille n’a droit à aucune compensation. Profondément choqué par cette injustice, il décide qu’il étudiera en médecine pour venir en aide aux travailleurs et travailleuses négligés sinon méprisés, tant par le système de santé que par les mécanismes publics d’indemnisation. Il fait ses études de médecine à l’Université de Montréal et il va se spécialiser en chirurgie à l’Université de Pennsylvanie. Il se marie avant la fin de ses études avec Lise Mousseau, qui lui donnera quatre enfants.

Il travaille d’abord en milieu hospitalier, mais commence très tôt à se rapprocher des syndicats pour mieux connaître les conditions vécues en milieu de travail. Sa fille, Lise-Anne, aujourd’hui directrice de la Polyclinique rappelle : « Mon père veut être un médecin de terrain.» Il veut une proximité avec ses patients. Il décide d’ouvrir sa clinique directement dans le quartier des travailleurs sur la rue Ste-Catherine à l’ombre du pont Jacques-Cartier dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, secteur le plus populeux et le plus pauvre de la métropole. Finalement, il veut être avec le peuple et pour le peuple. Les liens qu’il tisse avec les syndicats, dont celui des débardeurs, lui inspirent la mise sur pied de la Polyclinique Médicale Populaire inaugurée le 1er mai 1967. Il a l’appui pour ce faire de Jean-Paul Ménard, qui a succédé à Louis Laberge à la présidence du Conseil du travail de Montréal en 1964. Il y a réuni quelques dizaines de professionnels médicaux et paramédicaux. C’est la première et longtemps la seule ressource médicale multidisciplinaire vouée à la prise en charge des victimes de lésions ou de maladies professionnelles, tant dans leur traitement que dans leur défense devant les instances publiques de compensation « CNESST ».

Un engagement constant
Cet engagement constant et efficient, qui ne s’est jamais démenti au cours des 52 dernières années, a été hautement apprécié par les syndicats de la FTQ et leurs membres. En contrepartie, ce parti-pris a beaucoup dérangé employeurs, médecins de compagnie et assureurs, qui ne furent probablement pas étrangers aux divers embêtements occasionnels causés par le Collège des médecins à la Polyclinique.

Benoit Deshaies a officiellement pris sa retraite en 1997, mais il continua à exercer comme médecin expert en faveur d’accidentés du travail. En 1998 était mise sur pied la « Fondation Docteur Benoit Deshaies » qui vient financièrement en aide aux victimes d’accidents du travail laissées pour compte ou rejetées par le système.

Lise-Anne Deshaies poursuit la mission de son père.